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Ce vendredi, nous avions rendez-vous au couvent St Antoine après une très belle adoration pour un départ en mission de rue auprès des migrants de la gare du Nord.

C’était vraiment délicat car il y avait un sommet des 21 à Bruxelles et qui débattait justement de la question des migrants, sujet qui fâche et créant des tensions au sein de l’UE.

Et nous que faire dans ce contexte tendu au plan politique ? Il y a des lois terrestres et nous y sommes tenus en tant que citoyen. Mais il y a aussi des lois célestes qui nous guident également.

Comment concilier les deux et rester fidèle aux deux ? Et bien, c’est l’humour qui nous a sauvé. L’humour du Seigneur. Il s’appelle « Esprit saint » ! Car en effet la mission « classique », s’est transformée en mission « imprévue ».

Frère Jack qui devait être complètement donné « à la mission de rue avec les jeunes » toute cette semaine et indisponible pour nous accompagner dans notre mission de rue des Sentinelles, a eu une idée lumineuse qui a donné une autre direction à notre mission chapelet à la main et main sur le cœur.

Il nous a fait tirer au sort des indices (de mots écrits par les jeunes de la mission de cette semaine) et nous avons constitué des équipes en binôme tirés au sort. Chaque binôme avec deux mots, qui ont servis d’indice pour notre mission de rue de cet après-midi.

Avec ma coéquipière Sentinelle nous avons tiré
« Fruit » et « Coquelicot/Pavot ».

Après une belle bénédiction par nos frères (Daniel Marie et Jack, des jeunes et des Sentinelles) nous sommes parties en mission.

Cette mission a d’abord été une Visitation de l’une à l’autre (l’opportunité d’échanger entre nous pour mieux nous connaître et prendre des nouvelles des familles respectives) en attendant d’arriver sur le lieu que nous avions défini ensemble (Place Ste Catherine).

Dans la rue sur le trottoir

En route et priant notre dizaine des Sentinelles nous tombons sur une pharmacie avec dans la vitrine une fleur rouge ressemblant à un coquelicot. Au pied de la pharmacie, un homme fatigué, la quarantaine. Nous nous approchons de lui et nous lui proposons une bouteille d’eau. Il boit goulûment. Il s’appelle Bogdan et est polonais. Il habite depuis 15 ans à Bruxelles. Il est père deux filles de 18 et 20 ans restées en Pologne. Il vit dans la rue mais travaillait auparavant dans le bâtiment.
A la question de : « connaissez-vous Jean-Paul II ? » ses yeux s’illuminent. Nous lui donnons la carte de Jésus « j’ai confiance en toi » (vision de Ste Faustine).

Moment suspendu dans le temps : au ralenti et avec une infinie tendresse, il prend délicatement la carte entre ses mains et la porte à ses lèvres. L’instant dure une éternité. Nikki lui pose des questions mais il reste profondément concentré sur sa prière intérieure.

Puis il lève les mains au ciel comme si le baiser qui s’était posé délicatement sur Jésus miséricordieux, rejoignait le père céleste sur les ailes de l’Esprit saint.

Ses yeux verts sont embués de larmes puis de joie, joie
d’un enfant émerveillé.

Toute trace de fatigue s’envole de son visage. On oublie qu’il n’a plus lavé ses affaires récemment, on oublie ses mains noires de poussière, son pantalon usé, sa tête recouverte de blessures mal cicatrisées.

Douceur et joie dans l’amertume.

 

Il n’y a plus eu que ce regard d’Amour et de Joie qui demeurent.

Ma coéquipière lui offre son chapelet de Medjugorje et nous prions avec lui le Notre Père et un Ave Maria. Nous apprenons enfin, qu’il a bien touché à la drogue dure (lien avec le coquelicot et le pavot, un de nos indices) il y a 10 ans mais qu’il s’est juré de ne plus jamais y toucher.

Nous devons retourner au couvent et quitter Bogdan.

Embrassades et pour lui donner le coup de pouce matériel alors qu’il ne réclamait rien, on lui indique que le mardi il peut venir au couvent les mardis pour se nourrir. Il viendra sans doute aussi pour y prier car  St Antoine est  dans son quartier comme Ste Catherine qu’il visite souvent aussi.

 

 

 

Martine et Nikki
Sentinelles